J'apprécie beaucoup cette nouvelle série sur l'étymologie: très documentée, didactique, facile à lire mais souvent creusant assez profond... de la très belle vulgarisation où j'apprends plein de choses avec plaisir.
Cette note ci, je trouve, se distingue particulièrement par l'ajout d'une touche philosophique sur le don. On sent bien que le sujet vous tient à cœur, d'ailleurs! Encore une fois, ça reste limpide alors que le thème est complexe.
Merci beaucoup ! Effectivement, c'est un sujet sur lequel j'ai souvent réfléchi et discuté avec des potes illustrateurs (même si on n'est pas toujours d'accord). Je trouvais intéressant de le développer.
Bravo, ça me rappelle aussi mais jeunes années. Moi aussi chaque fois que je fais une aquarelle ou un dessin, on me dis "Pu***, t'as un don !" et moi aussi ça me gonfle parce que c'est tout simplement FAUX ! Ce que je trouve bizarre, c'est que ça concerne seulement (ou presque) le dessin ou la peinture. Pour un sport, un instrument de musique, ou autre, on parle jamais de don, mais de travail, d'entraînement, de pratique...
C'est exactement ça ! C'est ce que voulais montrer avec la maîtrise d'une langue ou de la plomberie. Comme si le domaine "âârtistique" était complètement à part...
"Vous avez un don" peut signifier aussi, en version longue : "C'est plus facile de me dire que si je ne suis pas aussi bon c'est parce que vous avez des facilités et que ce serait trop fatiguant rien que de penser à tout le travail que ça représenterait d'en arriver là" et aussi une façon de se rassurer, en pouvant mettre une étiquette qui explique un talent qu'on imagine pas pouvoir développer.
Attention toutefois au syndrôme du survivant. Il faudrait montrer que TOUT ceux qui travaillent dur en dessin finissent par bien dessiner. Et c'est d'autant plus difficile à faire que l'intérêt est directement lié à la progression et la satisfaction qu'on en tire: si le petit Billy aime dessiner autant que le petit Dédé, mais constate que ses dessins sont pas terribles selon son goût, que Dédé est "le type qui dessine" dans sa classe, ou que personne lui dit jamais "ah, tu dessines bien" mais plutôt "mouhahah, c'est quoi cette patate", ben bizarrement, le dessin va perdre de son intérêt pour Billy. Parce qu'au final, avec ces considèrations, parler du status de la femme dans les sociétés patriarcales devient un petit peu délicat ("il n'y a pas de femmes dans les sciences dures, c'est donc que les femmes, contrairement aux hommes, sont moins intéressées par les sciences") (et cela montre aussi que le dessin n'est pas un don, car c'est également vrai que l'absence de femmes dans les sciences n'est pas le résultat du fait que les garçons naissent avec certains dons)
Bref, pour moi, c'est plus une question de potentiel, développé ou non en fonction de plein de facteurs externes. Que ce potentiel soit identique pour tout le monde, c'est une conclusion possible, mais pas très soutenue par l'expérience (notamment parce qu'il est difficile de faire de telles expériences).
C'est juste, et ces considérations n'ont pas une vocation scientifique. Mais ce que tu dis rejoint ce que je disais sur l'intérêt : si Billy ne retire pas de satisfaction à dessiner, il n'aura pas d'intérêt à développer ce potentiel. Et ce n'est pas parce qu'il n'avait pas "le don" du dessin, mais parce que le contexte l'a amené à ne pas le développer. De la même façon que s'il y a moins de femmes dans les sciences dures, ce n'est pas une question de potentiel intérieur mais de contextes qui tendent à valoriser ou à déprécier certains comportements et vocations.
Excellent post, dans lequel je me retrouve complètement pour tout ce qui concerne le dessin! Merci Boutanox! :)
RépondreSupprimerMerci à toi ! Je pense que pas mal de gens qui dessinent on dû s'y retrouver... Enfin j'espère.
SupprimerJ'apprécie beaucoup cette nouvelle série sur l'étymologie: très documentée, didactique, facile à lire mais souvent creusant assez profond... de la très belle vulgarisation où j'apprends plein de choses avec plaisir.
RépondreSupprimerCette note ci, je trouve, se distingue particulièrement par l'ajout d'une touche philosophique sur le don. On sent bien que le sujet vous tient à cœur, d'ailleurs! Encore une fois, ça reste limpide alors que le thème est complexe.
Bravo, et merci!
Merci beaucoup ! Effectivement, c'est un sujet sur lequel j'ai souvent réfléchi et discuté avec des potes illustrateurs (même si on n'est pas toujours d'accord). Je trouvais intéressant de le développer.
SupprimerBravo, ça me rappelle aussi mais jeunes années.
RépondreSupprimerMoi aussi chaque fois que je fais une aquarelle ou un dessin, on me dis "Pu***, t'as un don !" et moi aussi ça me gonfle parce que c'est tout simplement FAUX !
Ce que je trouve bizarre, c'est que ça concerne seulement (ou presque) le dessin ou la peinture. Pour un sport, un instrument de musique, ou autre, on parle jamais de don, mais de travail, d'entraînement, de pratique...
C'est exactement ça ! C'est ce que voulais montrer avec la maîtrise d'une langue ou de la plomberie. Comme si le domaine "âârtistique" était complètement à part...
Supprimer"Vous avez un don" peut signifier aussi, en version longue : "C'est plus facile de me dire que si je ne suis pas aussi bon c'est parce que vous avez des facilités et que ce serait trop fatiguant rien que de penser à tout le travail que ça représenterait d'en arriver là" et aussi une façon de se rassurer, en pouvant mettre une étiquette qui explique un talent qu'on imagine pas pouvoir développer.
RépondreSupprimerOui je pense qu'il y a de ça, c'est toujours rassurant de penser à la prédestination, ça évite la remise en question et ça classe le problème.
SupprimerAttention toutefois au syndrôme du survivant. Il faudrait montrer que TOUT ceux qui travaillent dur en dessin finissent par bien dessiner.
RépondreSupprimerEt c'est d'autant plus difficile à faire que l'intérêt est directement lié à la progression et la satisfaction qu'on en tire: si le petit Billy aime dessiner autant que le petit Dédé, mais constate que ses dessins sont pas terribles selon son goût, que Dédé est "le type qui dessine" dans sa classe, ou que personne lui dit jamais "ah, tu dessines bien" mais plutôt "mouhahah, c'est quoi cette patate", ben bizarrement, le dessin va perdre de son intérêt pour Billy.
Parce qu'au final, avec ces considèrations, parler du status de la femme dans les sociétés patriarcales devient un petit peu délicat ("il n'y a pas de femmes dans les sciences dures, c'est donc que les femmes, contrairement aux hommes, sont moins intéressées par les sciences")
(et cela montre aussi que le dessin n'est pas un don, car c'est également vrai que l'absence de femmes dans les sciences n'est pas le résultat du fait que les garçons naissent avec certains dons)
Bref, pour moi, c'est plus une question de potentiel, développé ou non en fonction de plein de facteurs externes. Que ce potentiel soit identique pour tout le monde, c'est une conclusion possible, mais pas très soutenue par l'expérience (notamment parce qu'il est difficile de faire de telles expériences).
C'est juste, et ces considérations n'ont pas une vocation scientifique.
SupprimerMais ce que tu dis rejoint ce que je disais sur l'intérêt : si Billy ne retire pas de satisfaction à dessiner, il n'aura pas d'intérêt à développer ce potentiel. Et ce n'est pas parce qu'il n'avait pas "le don" du dessin, mais parce que le contexte l'a amené à ne pas le développer. De la même façon que s'il y a moins de femmes dans les sciences dures, ce n'est pas une question de potentiel intérieur mais de contextes qui tendent à valoriser ou à déprécier certains comportements et vocations.